Un dinosaure dans le jardin A la découverte du Pin de Wollemi !

quand jurassic park s'ecrit en botanique

Le pin de Wollemi, grand inconnu du monde vivant il y a encore 30 ans, à surgit du passé, comme ramené à la vie par les créateurs de Jurassic Park. Cette plante préhistorique fascine d'autant plus que cette année, plusieurs sujets fleurissent... en France !

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Le pin de Wollemi, le jurassique s’invite dans nos jardins

Iaculis fermentum

C’est le genre d’histoire qui semble inventée, un scénario de film entre Jurassic Park et un vieux documentaire de l’INA : en 1994, un garde forestier australien nommé David Noble explore une gorge perdue dans le parc national de Wollemi, en Nouvelle-Galles du Sud. Il tombe alors sur un conifère étrange, qu’il ne reconnaît pas. L’échantillon est envoyé à des botanistes… et là, stupeur : l’espèce est totalement inconnue. En vérité, elle n’avait jamais été observée vivante, seulement à l’état fossile.

On pensait qu’elle avait disparu depuis au moins 2 millions d’années. C’est un peu comme si on retrouvait un tricératops dans la garrigue. L’arbre est alors baptisé Wollemia nobilis, en hommage au lieu de sa découverte et à l’incroyable noblesse de son retour inattendu.

Le pin de Wollemi appartient à la famille des Araucariacées, une lignée de conifères qui couvre des millions d’années d’histoire du vivant. Il pousse à l’état sauvage dans une poignée de gorges secrètes, dont l’emplacement exact est tenu confidentiel pour éviter tout pillage. Mais grâce à un programme de multiplication en culture (greffe, bouturage, micropropagation), il est désormais possible d’en adopter un chez soi. Oui, toi aussi, tu peux avoir une plante préhistorique dans ton jardin. Et ça, franchement, c'est presque aussi bien que Jurassic Park !

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Une floraison millénaire qui fascine

Duis id iaculis

Ce qui rend le pin de Wollemi encore plus fascinant cette année, c’est qu’il a fleuri. Et pas juste en Australie ou dans un coin reculé de serre tropicale. Non, ici, chez nous. Plusieurs sujets cultivés en France ont produit des cônes mâles et femelles. C’est exceptionnel, rare, et profondément émouvant. Car cette floraison, discrète mais bien réelle, marque un pas de plus dans l’adaptation de cette espèce ancienne à nos conditions modernes. Elle témoigne aussi de la bonne santé de ces individus : pas de stress, pas de maladie, mais une vigueur suffisante pour tenter de se reproduire. Pas mal pour un arbre qui, à l’origine, ne devait pas sortir de son canyon brumeux.

Botaniquement, le pin de Wollemi est un drôle d’oiseau. Il présente des feuilles souples, vert sombre, disposées en paires opposées, presque comme des fougères. Ses jeunes pousses ont des reflets bronze ou violacés, et son tronc développe une écorce bulleuse, presque chocolatée, qui le rend reconnaissable entre mille. Les cônes mâles se dressent à l’extrémité des rameaux, tandis que les cônes femelles, plus massifs, pendent plus bas. La pollinisation reste très mystérieuse, même si elle est probablement anémogame (par le vent comme l'olivier). Et quand un cône s’ouvre et laisse tomber ses graines, c’est un peu comme si le passé décidait de s’écrire au présent.

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Une leçon de résilience et d’humilité

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Accueillir un pin de Wollemi chez soi, ce n’est pas juste planter un arbre, c’est inviter un témoin du temps long. Il faut en prendre soin, sans en faire trop : un sol bien drainé, un peu d’ombre, pas trop de gel (il résiste à -5/-10°C une fois bien installé), et surtout, de la patience. C’est un arbre qui pousse lentement, parfois de travers, parfois en développant plusieurs troncs à la base. Il ne ressemble à rien de ce qu’on connaît dans nos forêts, et c’est justement ce qui le rend unique. Ce qui nous touche le plus, c’est cette idée qu’un arbre puisse traverser les ères, les cataclysmes, les disparitions massives… et encore produire des feuilles, des fleurs, des graines.

Dans un monde qui s’accélère, qui oublie vite et qui consomme tout, le pin de Wollemi est un rappel vivant de la lenteur, de la durée, de la beauté du vivant résilient. Il nous ramène à l’essentiel. Et il nous regarde peut-être avec un peu de distance, lui qui a vu passer les diplodocus et les plaques tectoniques avant même qu’on invente les tailles-haies.

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